L’Agriculture Urbaine pour une Ville Comestible

Face aux enjeux environnementaux, à la demande sociale, aux évolutions des modes de vie, des usages et de la fabrique de la cité, intégrer l’agriculture en milieu urbain est devenu incontournable. Cependant, il est indispensable d’organiser son modèle social et économique afin d’encourager et pérenniser son déploiement.

 

Le constat

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Si nos grands-parents, par nécessité, savaient empiriquement cultiver leurs potagers, l’urbanisation alliée à la production de masse et la grande distribution ont mis à mal se savoir-faire en le rendant obsolète. De surcroît, l’urbanisation croissante des villes a relégué la végétation, au mieux, au rang de l’ornementation, au pire, en l’éradiquant. Pourtant, la présence végétale apaise la rigueur minérale, nous relie au rythme séculaire des saisons, confère même une dimension de prestige aux opérations immobilières.

Dans le cadre de requalification de sites urbains et de programmes immobiliers, nous souhaitons faire des plantes un atout majeur et exemplaire des programmes. Certains sujets à valeur patrimoniale doivent être conservés et mis en valeur tandis que l’ensemble des nouvelles plantations recouvreront leur vocation nourricière.

Nous avons conscience que lorsque cette question de l’agriculture urbaine est évoquée, spontanément la problématique du phénomène de mode par essence éphémère survient à l’esprit. En effet, les premières expérimentations sous forme de jardins potagers urbains n’ont pas réussi à convaincre dans la durée les bénéficiaires. Il est vrai qu’un potager nécessite de lui consacrer du temps et des efforts au quotidien, quel que soit le climat, et souvent pour des résultats en deçà des espérances. Ainsi, les potagers sont progressivement délaissés et tombent en friches conférant alors un aspect délabré au programme immobilier et donc l’inverse de ce qui était attendu.

Pour autant, cette idée surgie à nouveau en allant de pair avec l’impressionnante progression de mouvements citoyens prônant l’autosuffisance alimentaire et la résilience de la nature en ville. Dans le cadre des réflexions menées sur les projets urbains, la question de la place de la nature en ville doit donc constituer un axe de projet majeur que nous proposons de décliner sous de multiples formes afin d’en tirer le meilleur parti : des jardins en pleine terre et sur les toits, des cultures hors sol ou encore des espaces de distribution et de formation accessibles à tous les citoyens.

 

Le fonctionnement

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Pour résoudre cette problématique, la culture des jardins nourriciers sera ici abordée de manière collaborative et militante. Les jardins seront partagés et accessibles à tous les habitants de l’îlot qui le souhaitent et pourront de surcroît être ouverts aux habitants du quartier et aux scolaires. Les espaces de jardinage seront en partie conçus collectivement avec l’aide d’un paysagiste et d’une association spécialisée en permaculture, soit une culture en autosuffisance.

Les jardiniers s’organiseront eux-mêmes en associations pour susciter une émulation collective, répartir les tâches afin que celles-ci deviennent compatibles avec nos modes de vie urbains, recréer un lien social entre les voisins, partager le fruit des récoltes, en bref organiser au quotidien de façon pérenne, ludique, efficace et pédagogique la vie des jardins nourriciers. Ce sera l’Association des Jardiniers à qui la copropriété délèguera entièrement la gestion de ses jardins.

L’Association Spécialisée que nous solliciterons n’aura pas que pour objet la conception initiale des jardins nourriciers. Elle accompagnera surtout l’association de jardiniers, réalisera des animations et l’entretien complémentaire au jardinage. Plusieurs activités seront réalisées pour poser les bases de gestion du jardin et créer une bonne dynamique au sein des jardins partagés. Ainsi, une charte du jardinage sera élaborée, des ateliers pédagogiques thématiques seront mis en place sur les cultures, les ravageurs, le compostage… L’association spécialisée assurera en lien avec l’association des jardiniers le suivi des cultures, les tailles et tontes, le réglage de l’arrosage automatique, la maintenance, les récoltes et la vente.

Des ateliers d’animation-formation sont réalisés la première année pour former les habitants et maintenir un bon niveau d’adhésion. Ils permettent de donner les bases du jardinage et du compostage, de donner des idées, d’expliquer le fonctionnement des plantes et de la biodiversité associée. Les frais d’animation de la première année sont pris en charge par le promoteur.

La deuxième année, les cotisations mais surtout le fruit des récoltes via l’organisation récurrente d’AMAP de quartier permettront de régler les charges des potagers et de financer le coût de l’association spécialisée, tout en réalisant un bénéfice pour l’organisation d’évènements pour la promotion de l’agriculture urbaine.

Si malgré toutes nos suggestions, l’agriculture urbaine s’essoufflait dans le temps, la copropriété, propriétaire de toutes les parties communes dont évidemment les espaces spontanément dédiés au jardinage, reprendrait la gestion sous forme d’espaces verts d’ornementation tels que pelouse et massifs de fleurs.

 

Les vertus

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Etre autosuffisant permet de réduire l’empreinte énergétique, d’une part, en privilégiant des énergies renouvelables et d’autre part, de limiter l’impact écologique, en limitant voire stoppant les exportations (transport aérien, bateau etc.). Cela implique une réduction de la pollution et une limitation des émissions de gaz à effet de serre. Et par conséquent, une bonne mesure pour lutter contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, l’accent est mis prioritairement sur l’autosuffisance alimentaire, produire directement en ville, au plus près des consommateurs. De surcroit, l’agriculture urbaine devient lieu de rencontre, d’échange, d’apprentissage et de production maraichère pour créer une nouvelle économie locale :

  • Culture maraichère horizontale dans les cours
  • Carres potagers et ruches sur les toits
  • Agriculture potagère et permaculture dans les jardins
  • Jardins verticaux
  • Champignonnière en sous-sol
  • Valorisation des déchets
  • Lieu de formation des citoyens aux bienfaits des plantes
  • Démonstrateur de technologie et de recherche sur l’agriculture urbaine

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En conclusion, les jardins deviennent un lieu de rencontre, d’échanges, d’apprentissage et de production. Par ailleurs, l’association, via son action spécifiquement dédiée à la protection des plantes endémiques et nourricières, accueillera les élèves des écoles avoisinantes pour susciter les vocations précoces.

Grâce à l’agriculture urbaine, la résidence efface ses charges d’espaces verts et créée le lien social, mais surtout la ville n’est plus dans ce domaine le problème, elle devient la solution. Alors oui, l’agriculture urbaine est une nécessité.