L’occupation des bâtiments avant leur démolition

A l’occasion de requalifications urbaines, les phases d’étude, d’instruction et de commercialisation nécessitent plusieurs mois durant lesquels les bâtiments existants sont désertés avant que les travaux ne commencent réellement. Ces locaux livrés à eux-mêmes aiguisent alors la convoitise de personnes susceptibles d’occuper illégalement les lieux et refusant bien souvent de les quitter pacifiquement au démarrage effectif des travaux. Cela créé des crispations notamment avec le voisinage et alimente la presse avide de faits divers. Par ailleurs, il est effectivement navrant que des locaux demeurent inutilisés durant une longue période alors même que ces derniers pourraient avoir une utilité temporaire.

 

La proposition

Aussi, eu égard soit à la taille, soit à l’intérêt des locaux existants, nous proposons de mettre gracieusement ces derniers à disposition d’une association de promotion du « street art ». Des artistes s’emparent ainsi des lieux pour y réaliser en toute liberté des créations. Ladite association est également ouverte à des membres extérieurs qui moyennant une adhésion modique destinée à financer la matière première indispensable aux artistes pourraient accéder aux installations durant des heures de visite déterminés notamment les weekends. Cela permettrait aux visiteurs de se familiariser avec cette forme contemporaine d’expression artistique. Les enfants pourraient également être accueillis en semaine dans le cadre scolaire et périscolaire pour les sensibiliser à l’art urbain et susciter leur créativité. A l’issue de la période de mise à disposition des locaux, tous les membres de l’association formerait un jury populaire qui plébiscitera une œuvre qui sera alors conservée au sein du nouveau programme immobilier et ainsi témoignera de cette période artistique éphémère.

Par ailleurs, une requalification urbaine suscite bien souvent de la part du voisinage des incompréhensions, des réticences, voire des recours administratifs délétères. Ces oppositions procèdent couramment de postures exacerbées par une ignorance du futur projet et même le sentiment d’être exclu de celui-ci. Aussi, sous l’impulsion des collectivités locales, il est dorénavant organisé des réunions publiques destinées à rassurer les riverains et les associations de sauvegarde. Cela est indispensable mais à notre sens insuffisant.

A l’issu du parcours de découverte des œuvres réalisées au sein du bâtiment voué à la démolition, au sein d’une dernière pièce, il convient d’organiser, en lien avec les concepteurs de l’opération et des animateurs dédiés, la présentation du projet envisagé, une boite à idées, des workshops de co-construction ouverts aux habitants et aux associations de préservation du cade de vie. Ces ateliers auront une double vocation. La première sera de faire prendre conscience à la population environnante des enjeux majeurs du développement urbain notamment eu égard à la nécessaire densification urbaine. La seconde sera d’imaginer en groupe des formes, des usages, des fonctionnalités innovantes et adaptées au quartier et à ses habitants. Les voisins deviendront des acteurs proactifs du nouveau projet immobilier et ainsi seront fier d’avoir contribué à sa réalisation. Cette initiative métamorphosera une population spontanément réfractaire au changement en une population ambassadrice de « leur » projet de ville.

Cette double initiative, résidence d’artistes et co-construction urbaine, fera l’objet de points presses réguliers en lien avec les élus afin de tenir informée la population de l’avancement du projet immobilier.

Appropriation de l’ancienne Maison d’arrêt de Nantes par PickUp Production